P-au-P, 31 mai 2013 [AlterPresse] --- « Minustah et le choléra sont des jumeaux ! », « Minustah, va-t-en du sol de Dessalines », « Justice et réparation pour les victimes » : tels sont les slogans scandés contre la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), non sans colère, par des dizaines de victimes du choléra dans les rues de Port-au-Prince ce 31 mai 2013.
Convoquée par le collectif pour le dédommagement des victimes du choléra (Comodevic) et Moun viktim kolera (Personnes victimes de choléra - Movik), la manifestation est partie de Fort-National pour aboutir devant les locaux du ministère de la santé en faisant escale devant les ministères de la justice et des affaires sociales.
Au niveau du ministère des affaires sociales et de l’emploi, des agents de sécurité et des policiers en uniforme ont ouvert le feu au moment où la marche arrivait devant les locaux du ministère. Les manifestants ont répliqué à coup de pierres.
Au son de vaccines, de tambours synchronisés avec la rage des victimes, le laxisme du gouvernement haïtien dans la démarche pour le respect des droits de citoyens a été indexé.
« La Minustah doit me réparer. Le gouvernement doit m’accompagner pour trouver justice pour mon fils de 17 ans tué l’année dernière par le choléra de la Minustah », martèle un homme, documents sous le bras, en provenance de Carrefour (périphérie sud).
Une dame se rappelle encore les stigmatisations subies à cause de cette « maladie de la Minustah » et évoque des séquelles. Et le cri est pareil. Elle veut être réparée.
Dans une déclaration, lue devant les locaux du ministère de la santé publique et de la population (Mspp), les organisateurs ont appelé à « l’éveil national » contre la Minustah vue comme « force d’occupation » et réitéré leur exigence d’indemnisation des victimes.
En rappelant « les violences, les viols et les vols de la Minustah sur le sol de Dessalines », Comodevic et Movik ont exhorté les sénateurs à donner suite à la résolution votée le 28 mai au Sénat pour le retrait des troupes.
« [Le gouvernement haïtien doit cesser de se faire l’avocat du diable]9http://www.alterpresse.org/spip.php?article13638). Et la population doit empêcher la Minustah de continuer à construire des bases militaires dans le pays » martèle Oxygène David, membre de Comodevic.
Contrairement aux manifestations antérieures, celle-ci, organisée à la veille du 9e anniversaire du débarquement des troupes onusiennes en Haïti, semble prouver que les gens sont davantage conscients qu’ils doivent être indemnisés et le réclamer.
En fait, même le président de la république semble être maintenant au courant de cette demande d’indemnisation. Car, dans une interview, Michel Martelly a affirmé qu’il n’a non seulement pas été sollicité pour se constituer partie civile contre l’Onu, mais non plus été mis au courant de cette poursuite judiciaire.
Le 1er mars 2013, [des avocats des victimes avaient sommé le gouvernement de se constituer en partie civile]9http://www.alterpresse.org/spip.php?article14168)
Si la responsabilité de l’Onu était prouvée dans la propagation du choléra en Haïti, elle devrait verser à chaque victime une indemnisation qui ne doit dépasser cinquante mille dollars étasuniens (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes), comme le stipule le paragraphe 54 de l’accord de siège établi entre le gouvernement haïtien et l’Onu le 9 juillet 2004.
Plusieurs études ont avéré la responsabilité des casques bleus dans l’introduction du choléra en Haïti. Parmi elles, on retrouve celles menées par la société américaine pour la microbiologie (American Society For Microbiology) et celles des centres de contrôle et de prévention des maladies (centers for disease control and prevention) des États-Unis d’Amérique. La Minustah a toujours réfuté les rapports émis.
Depuis son apparition, l’épidémie a fait 8,096 décès à travers le pays.
Aussi dans la déclaration finale, lue devant les locaux du ministère de la santé publique et de la population (Mspp), les organisateurs ont appelé à « l’éveil national » contre la Minustah vue comme « force d’occupation » et réitéré leur exigence d’indemnisation des victimes.
En rappelant « les violences, les viols et les vols de la Minustah sur le sol de Dessalines », Comodevic et Movik ont exhorté les sénateurs à donner suite à la résolution, votée le 28 mai 2013, au sénat, pour le retrait des troupes.
« Le gouvernement haïtien doit cesser de se faire l’avocat du diable. Et la population doit empêcher la Minustah de continuer à construire des bases militaires dans le pays », martèle Oxygène David, membre de Comodevic. [efd gp apr 31/05/2013 16 :30]