À Bangui, en République centrafricaine, une campagne de vaccination d’urgence est en train de se dérouler sur les sites accueillant les déplacés. Télécharger cette vidéo
Par Linda Tom
En République centrafricaine, parvenir à vacciner les populations déplacées et leur apporter l’aide qui leur est indispensable représente une priorité urgente pour l’UNICEF et ses partenaires.
BANGUI, République centrafricaine, 10 janvier 2014 – Près de 20 000 personnes – des enfants pour la moitié – se sont réfugiées dans l’enceinte de l’église Saint-Sauveur de Bangui, un des soixante-cinq sites où des familles déplacées vivent dans des conditions précaires.
Après des semaines d’insécurité, ces personnes essaient de remettre de l’ordre dans leur vie. Un petit marché est apparu à l’entrée du camp. Des petits commerçants vendent des beignets, des forfaits pour téléphones mobiles tandis que des coiffeurs ont ouvert des échoppes.
Parmi ces personnes qui tentent de reconstruire leurs vies se trouve Yafara, une femme de 19 ans qui a été obligée de s’enfuir de chez elle avec son bébé, une fillette de sept mois. « Je suis ici avec ma mère depuis une semaine. Nous sommes venues là pour échapper à la guerre, » dit-elle d’une voix basse. « Nos voisins ont été tués et agressés sous nos yeux. Nous avons pris la fuite avec des vêtements pour mon bébé et pas grand-chose d’autre. »
Yafara a trouvé la sécurité dans le site pour déplacés de Saint-Sauveur mais sa fille, Sangama, ne mange pas bien. Avec un trop grand afflux de personnes et un accès difficile à de l’eau potable, à l’assainissement et aux soins de santé, les enfants qui se trouvent dans le camp sont confrontés à un risque de malnutrition.
Grâce à au dispensaire mobile, appuyé par l’UNICEF, de l’ONG Action contre la faim (ACF), la malnutrition aiguë modérée a été diagnostiquée chez Sangama qui est à présent traitée avec des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi à haute teneur en protéines.
Une situation d’urgence « silencieuse »
Pour les enfants, la République centrafricaine est depuis longtemps l’un des endroits les plus difficiles où vivre. Même avant le tout dernier épisode de violence, le pays a subi pendant des dizaines d’années une situation d’urgence « silencieuse » qui a privé les enfants d’éducation scolaire, de protection et des services médicaux et sociaux les plus élémentaires. Depuis le début de la récente vague de violence, le 5 décembre 2013, les enfants ont un besoin encore plus grand de protection et d’assistance.
Alors que la crise a progressivement dressé les communautés d’habitants les unes contre les autres, l’absence de sécurité a entraîné le déplacement de près des deux tiers de la population de Bangui depuis le 5 décembre, enfants et femmes en majorité. Au cours de l’année dernière, près d’un demi-million d’enfants ont été déplacés dans tout le pays, les plus vulnérables se cachant dans la brousse avec pratiquement aucun accès aux prestations les plus élémentaires ou à l’aide humanitaire et, au total, 2,3 millions enfants ont été touchés par la crise.
Une des façons dont l’UNICEF tente d’apporter son aide est de dépister la malnutrition et de mener une campagne d’urgence de vaccination intégrée; celle-ci inclut la vaccination contre la rougeole et la polio avec l’apport de compléments en vitamine A et de vermifuges.
Flambée potentielle de maladies
De l’autre côté du camp, une autre fillette reçoit des soins qui sont vitaux pour elle. Maiva Sayet, 11 mois, fait partie des premiers enfants à être vaccinés à Saint-Sauveur lors de la première journée de la campagne de vaccination.
« Depuis que nous sommes arrivés ici, ma fille est souvent malade et alors, quand j’ai entendu parler de la campagne, je suis tout de suite venue ici la faire vacciner, » dit sa mère.
La campagne d’urgence, qui a commencé le 8 janvier, a pour but de vacciner 210 000 enfants se trouvant dans les sites principaux pour déplacés de la capitale.
« Avec autant de personnes vivant dans des camps surpeuplés et qui ont un accès insuffisant aux soins de santé, à l’eau et à l’assainissement, on aboutit à une situation extrêmement dangereuse pour les enfants, » constate Souleymane Diabaté, le Représentant de l’UNICEF en République centrafricaine. « Tous les éléments sont en place pour une flambée de maladies potentiellement mortelles et nous devons faire tout ce que nous pouvons pour empêcher que ceci se produise. »
À Saint-Sauveur comme sur différents sites, l’UNICEF continue d’apporter son soutien aux dispensaires nutritionnels mobiles par l’intermédiaire d’ACF et d’autres partenaires.