07/18/2013 18:02 GMT
CONAKRY, 18 juillet 2013 (AFP) - De nouveaux corps de victimes des violences inter-ethniques qui ont fait au moins 54 morts ont continué à être ramassés jeudi dans le sud-est de la Guinée où le calme était revenu après deux jours d'intenses violences, ont déclaré des témoins.
"Nous avons enregistré encore ce matin quelques dépôts de corps par la Croix-Rouge et des volontaires, le nombre dépasse la dizaine", a indiqué à l'AFP une source hospitalière à N'Zérékoré, principale ville de cette région dite de Guinée forestière, voisine de la Côte d'Ivoire et du Liberia.
"Pour éviter encore que la situation ne se dégrade dans les quartiers avec les cortèges funèbres", des dizaines de cadavres ont été inhumés dans "une fosse commune par les forces de l'ordre dans un lieu tenu secret", a ajouté cette source.
Cette information, qui a provoqué la colère des familles qui voulaient enterrer "dignement" les leurs et pouvoir "faire leur deuil", a été confirmée par un officier de police de N'Zérékoré, Julien Lohalamou, qui a précisé que cette fosse commune se trouvait "en périphérie" de la ville.
M. Lohalamou a également confirmé que "les corps d'autres victimes" continuaient à arriver "à la morgue au compte-gouttes".
"Mais personne ne va donner des chiffres exacts, sinon c'est trop", a-t-il ajouté en affirmant que seules "des estimations"étaient rendues publiques.
Un bilan provisoire établi mercredi de source médicale faisait état de 54 morts identifiés et de dizaines de blessés en plus de deux jours de violences entre deux ethnies, les Guerzé (majoritaires et chrétiens en Guinée forestière) et les Konianké (minoritaires et musulmans).
A N'Zérékoré ainsi qu'à Koulé où les violences avaient éclaté dans la nuit du 14 au 15 juillet et s'étaient prolongées jusqu'à mardi soir, le calme était revenu jeudi, selon des habitants.
Ils ont affirmé que les gens vaquaient normalement à leurs occupations, mais que la plupart des commerces étaient fermés.
Les violences avaient éclaté à Koulé après le passage à tabac de trois jeunes Konianké par les gardiens Guerzé d'une station-service de Koulé. Deux des jeunes avaient trouvé la mort quelques heures plus tard, selon une source policière.
Un déchaînement de violences à coups de machettes, de bâtons et d'armes à feu s'en était suivi à Koulé, puis à N'Zérékoré et Beyla, trois villes distantes de plusieurs dizaines de km.
Des victimes ont également été brûlées vives et leurs biens incendiés, ainsi que des édifices religieux, mosquées et églises.
Le calme avait commencé à revenir mercredi après l'envoi massif de Conakry et d'autres régions de forces de l'ordre et de sécurité par le pouvoir du président Alpha Condé qui avait lancé un appel au calme à la radio-télévision nationale.
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