De la réduction à l’éradication: un nouvel objectif commun qui peut changer les choses
30 juin 2013, Addis Abeba – Les sociétés africaines, jeunes et dynamiques, sont désireuses de se développer et d'éradiquer la faim, ont convenu les Ministres africains et autres hauts responsables rassemblés aujourd'hui à Addis Abeba au Centre de conférences de l'Union africaine, dans le cadre de la Réunion de haut niveau des dirigeants africains et internationaux pour éliminer la faim sur le continent.
La réunion ministérielle intervenait la veille de la session des Chefs d'État et de Gouvernement de l'Union africaine qui portera sur le thème "De nouvelles approches unifiées pour mettre un terme à la faim en Afrique".
C'est dans le cadre du Programme détaillé de développement de l'agriculture africaine (PDDAA) que l'Union africaine, la FAO et l'Institut brésilien Lula se sont associés au sein d'une approche unifiée pour éliminer la faim en Afrique d'ici 2025. Quelque 15 Chefs d'État et de Gouvernement ont accueilli l'invitation à participer à l'événement pour donner une valeur ajoutée au PDDAA en partageant les connaissances sur l'investissement en faveur des personnes vulnérables.
La réponse positive des Chefs d'État est importante car on reconnaît de plus en plus qu'une ferme volonté politique est indispensable pour que l'Afrique puisse accroître sa résilience et vaincre la faim. Le PDDAA sert de base au continent pour édifier des solutions durables à la faim, ont déclaré les Ministres.
On peut éliminer la faim
La Réunion de haut niveau s'appuie sur les expériences de différents pays – africains ou non – tels que le Malawi, l'Angola, l'Éthiopie, le Niger, la Chine, le Vietnam et le Brésil. En ajoutant aux investissements dans l'agriculture des politiques de protection sociale et un développement intégré, de nombreux pays sont parvenus à abaisser les niveaux de faim et de pauvreté. Le Brésil a extirpé de la pauvreté extrême 36 millions de personnes au cours des dix dernières années.
"La faim ne sera éradiquée que si nous incluons les pauvres dans le budget du gouvernement. Je suis persuadé qu'il ne sera possible d'éliminer la faim que si elle devient une politique d'État. La réussite de ce processus dépend également de l'engagement de la société civile", a déclaré le fondateur et Président d'honneur de l'Institut Lula, Luiz Inácio Lula da Silva. "Je suis convaincu que tous les pays d'Afrique et d'autres régions du monde sont capables de mettre un terme à la faim s'il existe des dotations budgétaires en faveur des pauvres. La croissance économique à elle seule ne suffit pas", a souligné Lula.
Mme Tumusiime Rhoda Peace, Commissaire de l'UA chargée de l'économie rurale et de l'agriculture, a déclaré: "Le Cadre du PDDAA gagne progressivement du terrain en tant qu'approche multisectorielle intégrée visant à doper la production et la productivité et à améliorer la résilience et la sécurité alimentaire, en multipliant les investissements agricoles et en intensifiant les opportunités économiques pour des populations entières. Il est par conséquent recommandé que le PDDAA serve de plateforme pour la création et la facilitation de partenariats renouvelés ainsi que pour l'appui technique à une approche unifiée d'intensification des efforts d'éradication de la faim à tous les niveaux".
Pour sa part, le Directeur général de la FAO, M. Graziano da Silva, a souligné: "Nous ne pouvons gagner la guerre contre la faim qu'en œuvrant de concert. Cette réunion d'Addis Abeba viendra soutenir nos efforts en traduisant la volonté politique en une action renouvelée et coordonnée".
Le Partenariat renouvelé a pour vocation de contribuer à l'agenda du PDDAA. La synergie issue de l'association du PDDAA à un élan renouvelé et à la protection sociale dans le cadre du partenariat pour des Approches unifiées pour mettre un terme à la faim en Afrique justifierait l'ambition d'atteindre les objectifs suivants:
- Eliminer la faim et la pauvreté d'ici 2025, dans les mêmes délais que l'initiative «Maintenir l'élan du PDDAA»;
- Réduire la faim de 40 pour cent d'ici 2017 dans les pays mettant en œuvre l'approche du partenariat;
- Améliorer l'accès à la nourriture tout au long de l'année, en réduisant le besoin d'une aide alimentaire extérieure en l'espace de 10 ans;
- Accorder la priorité à l'élimination des retards de croissance, en particulier chez les enfants de moins de 2 ans, et assurer la nutrition des femmes enceintes et des jeunes enfants;
- Doubler la productivité des cultures vivrières de base en l'espace de 5 à 10 ans, sans porter préjudice à la durabilité des systèmes agricoles;
- Réduire les gaspillages et pertes alimentaires à des niveaux ne dépassant pas les moyennes mondiales, avec l'ambition de les limiter au strict minimum.
Des attentes prometteuses
Même si la majorité des pays d'Afrique ont affiché une croissance économique sans précédent et des indicateurs de meilleurs gouvernance et développement humain au cours de la dernière décennie, le continent compte encore 239 millions d'habitants sous-alimentés, ce qui représente près d'un quart de la population totale.
La Réunion de haut niveau devrait convenir de s'engager à suivre un ensemble de principes, de politiques et de stratégies ciblés sur l'éradication de la faim, visant en particulier à soutenir l'intégration d'initiatives et d'activités spécifiquement axées sur la sécurité alimentaire et le développement social dans les plans d'investissement du PDDAA.
Cette réunion ministérielle a été précédée, le 29 juin 2013, d'un Dialogue multipartenaires qui a vu la participation de plus de 150 représentants de la société civile, d'organisations de producteurs, du secteur privé, de coopératives, de la communauté de recherche en Afrique et d'autres acteurs non étatiques.
Les parties prenantes ont ainsi pu exprimer leurs opinions et examiner leur rôle essentiel dans la formulation et la mise en œuvre de ce Partenariat renouvelé. Reconnaissant que les problèmes de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition en Afrique sont multiformes et multidimensionnels, la solution requiert un partenariat multipartenaires que cette réunion de haut niveau s'emploie à promouvoir. Ils ont souligné l'importance de la mise en jeu de la responsabilité, de la participation de la société civile et de l'engagement politique ferme des gouvernements pour promouvoir avec succès la sécurité alimentaire.
Le déploiement du Partenariat renouvelé pour mettre un terme à la faim en Afrique se fera selon une Feuille de route et une Déclaration adoptée par la Réunion de haut niveau.