07/02/2013 10:13 GMT
ANTANANARIVO, 2 juillet 2013 (AFP) - Madagascar est dans l'impasse politique depuis que les trois candidats contestés par la communauté internationale, dont l'homme fort du pays Andry Rajoelina, refusent de se retirer.
La date de l'élection présidentielle n'est toujours pas fixée, et le pays reste paralysé par une crise qui a mis son économie à genoux depuis quatre ans.
QUESTION: Quand auront lieu les élections ?
REPONSE: Personne le sait. La Commission électorale doit prendre cette décision le plus rapidement possible. Mais le processus bute toujours sur le problème de trois candidats contestés : le président de la Transition Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana, l'épouse de l'ancien président en exil Marc Ravalomanana et l'ancien chef d'Etat Didier Ratsiraka.
Q : Pourquoi la communauté internationale ne veut-elle pas des trois candidats ?
R : Parce qu'ils sont considérés comme des candidats illégaux.
Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka n'ont pas résidé à Madagascar six mois d'affilée avant le dépôt de leur dossier de candidature, comme l'exige la loi. Andry Rajoelina quant à lui a déposé son dossier hors-délai alors qu'il avait promis qu'il ne serait pas candidat en janvier dernier.
La communauté internationale estime qu'avec leur participation, " les conditions nécessaires à la tenue d'élections transparentes, crédibles et paisibles ne sont plus remplies ".
Du côté de la présidence, on estime que la communauté internationale cherche un candidat qui servirait " intégralement ses intérêts, ce qui ne sera pas le cas avec l'un des trois ", a déclaré le ministre de la Communication Harry Laurent Rahajason.
Q : Pourquoi la communauté internationale a-t-elle isolé Madagascar ?
R : Pour pousser les trois candidats controversés vers la sortie. La communauté internationale a recommandé de " geler temporairement " l'" appui " financier au processus électoral malgache "jusqu'au retrait (...) de toutes les candidatures illégales". Elle espère ainsi que les institutions malgaches prendront des mesures pour que la Cour électorale spéciale, qui a validé les trois candidatures, soit recomposée et qu'une " nouvelle liste de candidats " soit validée.
Q : Pourquoi ces élections sont-elles cruciales ?
R : Elles sont censées restaurer la démocratie dans la Grande Île et sortir le pays de l'effondrement économique. Madagascar est en crise depuis le renversement de Marc Ravalomanana par le maire de l'époque Andry Rajoelina en 2009.
Depuis, le pays est privé des aides internationales. Seules des élections pourront permettre le retour à l'ordre constitutionnel afin que Madagascar retrouve sa place au niveau de concert des Nations.
Q : Qui gouverne Madagascar aujourd'hui ?
R : C'est toujours Andry Rajoelina qui préside de facto le pays car il " n'a pas encore démissionné de son poste " de président de la Transition, a indiqué à l'AFP, le juriste et membre de l'Observatoire de la vie publique, Sahondra Rabenarivo. Cependant, plusieurs hommes politiques au sein des institutions d'union nationale et plus de la moitié des candidats remettent en cause la légitimité de M. Rajoelina.
" Il veut le beurre et l'argent du beurre, être à la fois candidat et président ", a dénoncé Pierrot Rajaonarivelo, candidat à la présidentielle.
"Pour moi, Andry Rajoelina n'est plus le chef de l'État car il n'a pas retiré sa candidature à l'élection présidentielle" a indiqué un autre candidat, Alain Tehindrazanarivelo.
Q : Madagascar peut-elle organiser des élections sans la communauté internationale ?
R : Théoriquement oui, car elle peut se passer des financements internationaux.
"Nous avons 24,5 millions de dollars avec la vente de l'Air Force II (l'avion de Marc Ravalomanana récemment revendu par les autorités, ndlr). (...) on pourrait financer les élections s'il le faut", avait assuré Andry Rajoelina en mai dernier. Mais ce choix pourrait ne pas être accepté par tous (Cenit, candidats) et pourrait isoler définitivement la Grande Ile sur la scène internationale.
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